fetish

projet multi format, 2019 – on going

Fetish est un projet regroupant plusieurs pièces dans divers matériaux et techniques, développé dans le cadre d’un workshop à Archivio Conz, Berlin, mené par Niels Trannois.

Ça parle de contenants et de surfaces, de ce qui se reflète à nos yeux. Des objets, des cartons, des disques durs.

Fetish, carton et papier mâché, peinture de Paul Hutzli, avec la complicité de Mathias Pfund – 2019 ©Jacopo Belloni

Fetish, photomontage contrecollé sur Dibond – 2020 / Vue d’exposition – Wie zu hause wo ich nicht bin – Centre d’Art Contemporain, Genève – 2020 @Raphaëlle Müller

Au départ il y a une boîte dans une étagère, un peu cachée. Elle est fermée par un vieux scotch et je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Sur une des faces, figure cette mention écrite au marqueur noir :

G. HENDRICKS
FETISH

Reproduction à l’identique de la boîte, en passant par des matériaux autres que le carton, je n’en garde qu’une imitation de la surface. Mate, blanche un peu vieillie, rien ne transparaît de son contenu. Seul son intitulé crée le désir de savoir ce qu’il y a dedans.

Combinaison complète en latex noir, hyper brillante, je vois mon reflet sur cette surface parfaitement lisse qui épouse un cul comme je les aime. Il y a un corps à l’intérieur de cette combinaison. La matière noire et brillante renvoie un reflet déformé de mon visage. Je pose ma tête contre ce cul, puis contre le ventre, contre le sexe, dont l’odeur transperce le latex, qui semblait pourtant parfaitement imperméable à l’organisme qui anime et remplit cette combinaison. Trace d’un corps vivant, sentant son souffle par les mouvements du ventre, par la chaleur de l’air qui sort du bord des narines, seule partie visible du visage.

Mon désir pour ce corps-objet, transformé en bibelot, attaché et donc immobile, passif, consentant. Le souffle est calme, le souffle de ce corps m’appartient, j’en maîtrise l’intensité par la pression de mes mains que j’exerce sur le cou, par le fait que je puisse obstruer l’air qui sort des narines, par l’excitation que je peux provoquer par divers coups et caresses, par les nœuds que je resserre. Un corps qui n’en est plus un et qui existe seulement par ce que je veux bien lui faire subir momentanément.

Cet objet me reflète, littéralement.

FETISH : G. HENDRICKS

La boîte finie, elle ne renvoie aucune lumière, aucun reflet, mais seulement mon désir de m’approprier son histoire. Elle trouve une place dans une nouvelle étagère temporaire, avant de retrouver celle de mon atelier, bien emballée. Une inaccessibilité à un contenu, je vide le contenant de sa substance même, de sa raison d’être au départ.